La semaine de travail avait commencé presque normalement par une épidémie de rhinopharyngite virale et un nombre impressionnant de malades de tous âges (plus de 80 lundi !). Mardi, le centre médical bourdonnait encore. La matinée de mercredi s’annonçait un peu plus calme jusqu'à 9h, malgré deux évacuations rapides (pour "attraper" l'avion du jour) mais non urgentes vers Papeete pour des abcés de la main (un malade chacun en même temps !). La secrétaire est venue me chercher, alors que Pierre-Hervé était de garde, pour que j’examine, dans la salle des urgences, une femme enceinte de 7 mois et demi qui avait des contractions rapprochées depuis 4 heures du matin. (en fait depuis la veille !)
L’examen a vite permis de comprendre que l’avion ne pourrait pas la transporter « en l’état » jusqu’à Papeete. Nous nous sommes donc résignés : les deux infirmières, Pierre-Hervé et moi, à faire face au 2ème accouchement en moins de deux mois, mais cette fois, tout seuls !!!! Nous avons renvoyé le gros des consultants et je me suis transformée, pour quelques heures, en accoucheur. Le bébé étant tout petit (1 kg 650), çà n’a été ni très long, ni très compliqué.
Pierre-Hervé avait appelé le SAMU à 9h10 et il est arrivé à 14h30. Cà nous a paru très long surtout à cause du tout-petit bébé, fatigué qui ne tétait pas vraiment. Heureusement que nous n’attendions pas une sage-femme comme cela nous avait d’abord été dit. Nous avons accueilli un charmant urgentiste et son infirmier qui, ni l’un ni l’autre n’avait d’expérience pédiatrique. Les pompiers appelés n’ont pas voulu se déplacer avec leur véhicule pour transporter la couveuse du SAMU jusqu’au centre (la couveuse n’entrant pas dans notre ambulance). Bref, c’était complet. Heureusement, il y a sur l’île une infirmière qui a travaillé longtemps en néonatalogie, donc chacun d’entre-nous s’est appliqué et nous avons mis en commun notre matériel et nos connaissances pour ce bébé. Nous avions tous les surrénales en alerte maximum !!!
Après quelques heures d’inquiétude et de travail pour pouvoir amener ce précieux chargement dans de bonnes conditions de sécurité à bon port (au moins 2 heures de vol), la petite famille a embarqué pour la « capitale » et son hôpital. Il y a eu plus de peur que de mal : tout le monde va bien et nous avons même eu les encouragements du pédiatre ! Ceci étant dit, nous espérons que cela ne se reproduira pas car c’est extrêmement stressant d’avoir un minuscule bébé à gérer avec un minimum de moyens de tous ordres !!
